The Founder Story

Ou l'art de poser les fondations avec une histoire

La plupart du temps, en tant qu’entrepreneur, vous avez à cœur de défendre votre produit ou votre service. Vos équipes commerciales sont au taquet. Vous investissez dans l’influence, la publicité et le référencement. Vous demandez à vos consommateurs de vous noter et animez des communautés sur tous les réseaux. 

Mais lorsque l’on se rend sur votre site et que l’on consulte la rubrique « A propos », on a toutes les chances de tomber une frise chronologique un peu, il faut bien l’admettre, barbante. 

Et pourtant… Une Founder Story est un excellent moyen pour vous rapprocher de vos clients en vous différenciants de tous ceux qui font la même chose que vous – en moins bien, cela va de soi. 

Vous pensez que vous n’avez rien à dire ? Détrompez-vous : toute entreprise a une Founder Story a raconter. Avec un peu d’aide, vous serez à même de partager avec le monde le pourquoi et le comment de l’activité qui vous occupe une bonne dizaine d’heures par jour… 

La Founder Story de Véronique

« Toi qui aimes les belles choses, tu devrais rencontrer Danie Postel Vinay. »

On est en 1996. Mon professeur de danse avait griffonné quelques mots sur un bout de papier glissé dans ma main. « Danie n’est pas toujours facile à aborder, mais tu diras que tu viens de ma part. » 

J’étais si intriguée que je décidai de m’y rendre à la sortie du cours. Je n’avais qu’une adresse et un nom de boutique : « Vis-à-Vis Paris », dans le XIIe. Ce n’était pas très loin. J’avais envie de marcher. 

« Toi qui aimes les belles choses… » 

C’est vrai. Je dirigeais depuis quelques années la boutique Baccarat, place de la Madeleine dont j’avais assuré, avec toute une équipe, la renaissance.

Avant cela, j’avais travaillé au bien-être d’une clientèle exigeante pour l’Hôtel de Crillon, grand et luxueux paquebot sur la place de la Concorde, attachée aux détails d’un séjour parfait. 

Mais rien ne me préparait au choc que j’allais éprouver. 

La cour Saint-Nicolas est une de ces adresses cachées du XIIe arrondissement, ouverte pour les seuls initiés. C’est là que se cachait Vis-à-Vis Paris, une enseigne toute entière dédiée à la broderie. 

Tout le monde connaît l’histoire d’Ali Baba, ce moment où il entre dans la caverne et découvre un trésor inestimable. C’est exactement ce que j’ai ressenti en poussant la porte de l’enseigne. Dans un espace minuscule, une accumulation vertigineuse de piles de linge, de tissus, matières, motifs, draps, nappes et ces broderies colorées, partout, si parfaites, si bien réalisées, que je ne savais plus où arrêter mes yeux. Je ne voulais plus repartir et tout acheter. J’avais trouvé ma voie. C’est là que je voulais travailler. 

Finalement, je n’ai pas tout acheté et j’ai fini par repartir, profondément remuée par ce coup de foudre. Que s’était-il passé ?

Sur le chemin du retour, je me suis souvenue d’un événement assez similaire, quoique moins intense, au moment de la reprise de la boutique Baccarat. En visitant les sous-sols, j’avais découvert sous la poussière, des pièces uniques, magnifiques, disposées sur de fragiles étagères. Je me suis dit que j’avais un don pour dénicher des trésors…

Après cette rencontre, j’ai immédiatement proposé à Danie de travailler avec elle. Ce qu’elle a accepté comme une évidence. 

Nous avons ouvert une première boutique, rue Royale, une bonbonnière, où j’ai retrouvé le plaisir de mes années au Crillon, quand vos clientes deviennent parfois aussi vos amis. Puis une autre avenue Montaigne et, finalement, en 2012, Danie m’a proposé de reprendre la marque. 

J’aimerais vous dire que je n’ai pas hésité. Mais sans Danie qui en était la fondatrice, est-ce que j’allais réussir ? 

Je suis rentrée chez moi, tard, après avoir longuement marché dans Paris, pleine d’enthousiasme, mais aussi de peurs et de doutes. Mais lorsque j’ai vu dans ma chambre, ce lit magnifié jusque dans ses plus petits détails, lorsque je m’y suis glissée, entre ses draps au contact merveilleux, ma décision était prise. 

Nous avons ouvert un nouveau show-room un an plus tard, rue du Faubourg Saint-Honoré. J’avais désormais un lieu magnifique, un enchantement au quotidien, mon coffre à trésors, où je travaille avec mon équipe, Stéphanie Huré et Sophie Gaudion, en symbiose parfaite, et ce, depuis dix ans. 

En écrivant cette histoire, je me suis souvenue de mon enfance, lorsque ma mère m’emmenait avec elle dans les boutiques de Florence ou de Rome, acheter des piles de draps, de nappes, de serviettes… C’était sa passion. C’est devenu la mienne. 

« Toi qui aimes les belles choses… » De mère en fille.

 

Véronique Taittinger est la Directrice Artistique de Vis à Vis Paris